2.6.09

histoire et théories des arts - Dominique Malclès

Ce cours propose une réflexion sur les enjeux de l'art du XXème siècle mis en relation avec les courants de pensée qui le traversent et les questions que soulève l'art aujourd'hui. Les thématiques choisies sont en lien avec le projet de la HEART et la pédagogie spécifique des workshops. La thématique retenue est celle de" l'engagement " et les sens multiples qu'il peut prendre dans une démarche artistique contemporaine. Eclairer les différents aspects de l'engagement et voir comment, emportées par leur élan, les avant-gardes ont cru en la capacité de l'art à changer le monde. S'appuyant sur la pensée la plus avancée (Foucault, Bataille, Benjamin, Derrida, Deleuze, Arendt...) tantôt provocant, contestataire, subversif, l'art du XXème siècle a su questionner la société, mettant en évidence ses failles. A partir des années 80, c'est au travers de postures moins frontales que les artistes s'orientent vers un engagement éthique et responsable proposant une remise en question de l'image et des représentations. Notamment, face à la globalisation et à son marché les créateurs des années 90 opposent de véritables attitudes de résistance incluant le processus de création lui-même. Partie prenante de cette question de l'engagement: la question du corps. Comment les artistes au XXème vont mettre en jeu leur propre corps ? Un corps en acte, dernier refuge de vérité dans les années 60/ 70 et au travers duquel les artistes pointent des problématiques aussi bien politiques qu'identitaires. Enfin, s'emparant des gestes simples de la vie quotidienne, les artistes ont su faire de la marche un médium à part entière au point que pour certains d'entre eux ('60/'70) la marche devient la condition même de possibilité de l'œuvre: "No walk, no work". Mettant ce nomadisme à l'échelle du globe, dans les années 90, ceux que l'on appelle "les piétons planétaires", lointains héritiers du flâneur baudelairien cher à Walter Benjamin, posent la question de l'engagement et du rôle de l'artiste dans le monde d'aujourd'hui.


RESSOURCES

bibliographie :

Ardenne Paul, Art dans son moment politique, éditions La lettre volée, 2000, isbn : 2873171014 - Cet ouvrage n'écrit pas une histoire linéaire. Celle, plutôt, d'une réalité en devenir dont le cadre chronologique est l'extrême fin du xxe siècle. Les principaux aspects envisagés ont trait à tout ce qui détermine l'art actuel dans un sens politique ", comme formule se destinant à investir l'espace réel pour l'habiter ou le changer. Initialement destinées à l'espace de la revue d'art ou de la conférence, rédigées donc " à chaud ", les études proposées ici sont l'accompagnement d'une histoire de l'art vécue en direct, dans son moment politique même et sur un mode circonstanciel. Leur objet : rendre compte de l'intérieur, en s'appuyant sur des faits concrets, d'un " en-cours " de l'histoire contemporaine de l'art.
Ardenne Paul, L'image corps, éditions du Regard, 2001, isbn : 2841051161 -Ce livre n'est pas l'inventaire exhaustif des figurations du corps humain par l'art du XXe siècle.
Comment, d'ailleurs, pourrait-il l'être ? Le sujet est, par nature, inépuisable. Ce livre, plutôt, se promène entre des figures, des manières de présenter, d'installer sur la scène artistique le corps des hommes, morphologie, postures et engagements confondus. Il dresse un tableau, à son tour : celui de " l'image corps ", tableau fait des formes multiples qu'adopte sur le plan plastique le corps ainsi qu'en ont usé les artistes au cours d'un siècle riche en péripéties esthétiques.
Du corps, cette substance privée et publique que la vie nous impose au quotidien, Antonin Artaud put parier comme d'" un champ de guerre où il serait bon que nous revenions ". Tel est l'objet de cette étude. Car la conscience de soi du sujet occidental, aussi indécise que flottante, n'est pas sans générer une guerre portée jusque dans le périmètre de la représentation de la figure humaine. Le corps que les artistes vont tendre au regard, du coup, se révèle divers, contradictoire souvent, unifié jamais.
Figure de gloire pour les uns, qui sanctifient son extrême beauté ou le réquisitionnent à des fins de propagande, il devient figure de souffrance pour d'autres, réactualisant, eux, le thème de la Crucifixion et de la chair de douleur. Figure propice, pour certains, au jeu ou aux mises en abîme de la sexualité ou de la vie sociale, il se fait, pour d'autres encore, figure de monstruosité, voire matière carrément quelconque.
Arendt Hannah, Condition de l'homme moderne, éditions Pocket, collection Agora, 2002, isbn : 226612649 - Notre siècle a totalement transformé le statut de l'homme ; celui-ci est désormais un membre d'un ensemble qui le dépasse, et dont il ne peut s'échapper. il vit dans un monde où la technique prend de plus en plus d'importance, et où le politique s'impose sans possibilité d'écart ou de fuite. Ce monde est également celui des pires violences, de la barbarie généralisée. Hannah Arendt commence ici sa réflexion sur l'originalité radicale de notre époque. Elle pose les bases d'une réflexion qui permettra, peut-être, de se donner les moyens d'éviter les dérapages vers la violence aveugle, en comprenant en profondeur la dimension de "l'homme moderne".
Baqué Dominique, Mauvais genre(s), éditions du Regard, 2002, isbn : 2841051439- Si c'est à bataille qu'il revient, sans nul doute, d'avoir écrit les textes les plus souverains sur l'érotisme, force est cependant de constater que l'extrême de l'art contemporain s'avère étranger aux catégories élaborées par l'auteur des larmes d'Eros.
Tel est l'objet premier de ce petit essai : comprendre comment, aujourd'hui, le corps érotique se défigure et se reconfigure selon d'autres économies du désir. opérant une traversée des médias - arts plastiques, photographie, cinéma, mais aussi littérature et mode - mauvais genre(s) examine ainsi les jeux d'échange, toujours plus nombreux, entre érotisme et pornographie, et les nouvelles figures de l'obscène.
Mais si la frontière entre érotisme et pornographie devient fragile, labile, d'autres phénomènes s'articulent, parfois de façon contradictoire ou paradoxale, pour dessiner une nouvelle corporéité : la dé-sublimation de la chair et la constitution d'un documentarisme sexuel la tension entre ce que l'on pourrait appeler un " pôle froid ", dont témoignent les corps lisses et aseptisés de l'imagerie virtuelle, et un " pôle chaud ", lorsque le corps passe à l'acte, invente des postures de résistance contre l'ordre sexuel dominant.
Corps travesti, androgyne ou queer, corps " artialisé " par les marquages des rituels sadomasochistes. corps mutant enfin, dont s'esquisse en ce début de siècle la post-humanité. mais davantage encore : au-delà de la différence des sexes défendue par les tenants du naturalisme biologique ou ceux d'un freudisme figé, s'aventurer à penser, dans sa sexuation encore inchoative, la possibilité d'un troisième genre.

Bourdieu Pierre et Haacke Hans, Libre échange, éditions du Seuil, 1994, isbn : 202021380X - Contre la multinationale néoconservatrice des nouveaux croisés de la culture occidentale, pourfendeurs du relativisme et de l'avant-gardisme, contre les intrusions perverses du patronage d'Etat, contre le nihilisme esthète des révolutionnaires en trompe-l'oeil, comment affirmer l'indépendance de l'intellectuel et de l'artiste critiques, capables d'engager les ressources les plus raffinées de la recherche formelle dans la défense de la liberté créatrice, comment sauvegarder les franchises de cet univers de libre-échange qu'est et doit être le monde des artistes, des écrivains et des savants ? Telles sont quelques-unes des questions dont l'artiste et le sociologue débattent ici, avec le franc-parler qui devrait, selon eux, être de règle dans tous les échanges intellectuels.
Debord Guy, La société du spectacle, in Oeuvre, éditions Gallimard, isbn : 2070773744 -
Deleuze Gilles & Guattari Félix, Mille plateaux, Capitalisme et schizophrénie, éditions Minuit, collection Critique, 1980, isbn : 2707303070 - Dans Cet ouvrage, les auteurs continuent à explorer la question déjà avancée dans l'Anti-Œdipe d'une ontologie révolutionnaire des devenirs. Un livre politique important grâce à sa conception originale du pluralisme, l'individu n'y étant pas conçu comme fondement de l'organisation sociale. Mille plateaux permet de renouveler une grande part de la théorie politique, et en particulier de la pensée marxiste. (bibliothèque de la HEART : 196 DEL)
Didi-Huberman Georges, Quand les images prennent position, éditions de Minuit, 2009, isbn : 2707320374 - Dans un monde où les images prolifèrent en tous sens et où leurs valeurs d’usage nous laissent si souvent désorientés — entre la propagande la plus vulgaire et l’ésotérisme le plus inapprochable, entre une fonction d’écran et la possibilité même de déchirer cet écran —, il semble nécessaire de revisiter certaines pratiques où l’acte d’image a véritablement pu rimer avec l’activité critique et le travail de la pensée. On voudrait s’interroger, en somme, sur les conditions d’une possible politique de l’imagination.
Cet essai, le premier d’une série intitulée L’Œil de l’histoire, tente d’analyser les procédures concrètes et les choix théoriques inhérents à la réflexion de Bertolt Brecht sur la guerre, réflexion menée entre 1933 et 1955 par un poète exilé, errant, constamment soucieux de comprendre une histoire dont il aura, jusqu’à un certain point, subi la terreur. Dans son Journal de travail comme dans son étrange atlas d’images intitulé ABC de la guerre, Brecht a découpé, collé, remonté et commenté un grand nombre de documents visuels ou de reportages photographiques ayant trait à la Seconde Guerre mondiale. On découvrira comment cette connaissance par les montages fait office d’alternative au savoir historique standard, révélant dans sa composition poétique — qui est aussi décomposition, tout montage étant d’abord le démontage d’une forme antérieure — un grand nombre de motifs inaperçus, de symptômes, de relations transversales aux événements. On découvrira ainsi, dans ces montages brechtiens, un lieu de croisement exemplaire de l’exigence historique, de l’engagement politique et de la dimension esthétique.
On verra enfin comment Walter Benjamin — qui a été, en son temps, le meilleur commentateur de Brecht — déplace subtilement les prises de parti de son ami dramaturge pour nous enseigner comment les images peuvent se construire en prises de position.

Face à l'histoire, catalogue de l'exposition, Paris, centre Pompidou, 1996 - isbn : 2858508984 - Quel regard l'artiste moderne porte-t-il sur les événements politiques majeurs survenus au cours du dernier demi-siècle ? Tel est le thème qu'aborde l'ouvrage en confrontant aux événements survenus depuis 1933 (montée des totalitarismes, guerres internationales et civiles, crises politiques), des œuvres qui traduisent plastiquement les bouleversements du siècle et en expriment les enjeux. Il s'articule autour de quatre grandes parties chronologiques. Des historiens, des historiens de l'art, des philosophes et des artistes contemporains ont participé à sa rédaction; chacun à sa manière a tenté de cerner les aspects des relations entre l'art et l'Histoire au XXe siècle.
Foster Hal, Le retour du réel, éditions Lettre volée, 1997, isbn : 2873172185- L'auteur étudie de manière circonstanciée la mise en place d'un nouveau paradigme centré sur le retour du réel dans l'art de la fin du XXe siècle comme contrepoint aussi bien au minimalisme et au conceptualisme dominants durant les années 1970 qu'au simulationnisme postmoderne des années 1980. C'est également l'occasion pour l'auteur de réfléchir à la posture ethnographique de l'artiste et faire le point sur les rapports entre les avant-gardes historiques et la néo-avant-garde. Cette lecture critique, qui confronte pratiques artistiques et théories de l'art, se veut aussi prise de position contre l'emprise croissante d'une critique d'art trop facilement encline à ne voir dans l'art contemporain que répétitions et pastiches. Hal Foster propose une ambitieuse fresque historique et politique de cet art engagé dans les enjeux de son temps.
Roschlitz Rainer, Subversion et subvention, éditions Gallimard, 1994, isbn : 2070737918- Art contemporain et argumentation esthétique. Excès d'honneur, excès d'indignité.L'art contemporain, dans sa réception par la critique comme par le public, est décidément voué à ces deux écueils. La critique a renoncé à toute évaluation, le public à toute compréhension, l'esthétique à toute légitimation.Assurément, arguant de l'introduction d'un urinoir dans un musée par Duchamp, les artistes prétendent décider seuls de ce qui est oeuvre d'art, grâce à la subversion de tous les critères établis du jugement esthétique. Cette subversion fait désormais l'objet d'une subvention attentionnée par les musées d'Etat et les galeries, soucieux de prouver leur libéralisme à une critique aveuglément acquise le plus souvent. Ce jeu ambigu, fait de complicités et d'antagonismes, artistes et institutions s'y livrent depuis les années soixante. Les structures mêmes de l'art en ont été radicalement modifiées.Plus que jamais, pourtant, bien que l'alliance de la subversion et de la subvention vise à le mettre hors jeu, le jugement esthétique demeure nécessaire. Objet industriel détourné ou dupliqué, intervention militante, proclamation politique, une oeuvre n'est d'art que si la qualité artistique qu'elle ambitionne peut être justifiée et partagée. Symbole, elle est irréductible à un symptôme ; objet de jugement, elle ne relève pas de la simple préférence de chacun.Il est donc urgent, aujourd'hui, tout autant de prendre les ambitions des artistes en considération que d'élaborer à nouveaux frais une argumentation esthétique attentive à la logique interne de l'oeuvre contemporaine, à la fois profane et distincte du principe de plaisir, exigeante sans prétendre à la vérité absolue, libre d'obligations sociales mais susceptible d'être l'enjeu de critiques rigoureuses.
Sontag Susan, Devant la douleur des autres, éditions bourgois, 2003, isbn : 226701694X - L'un des traits distinctifs de la vie moderne est qu'elle dispense d'innombrables occasions de considérer (à distance, à travers le support de l'appareil photographique) les horreurs qui adviennent dans toutes les parties du monde. Les images d'atrocités sont devenues, par le biais de l'écran de télévision ou d'ordinateur, une sorte de lieu commun. Mais la description de la cruauté a-t-elle pour conséquence d'immuniser les spectateurs contre la violence ou de les y inciter ? Leur perception de la réalité est-elle érodée par le barrage quotidien des images ? Que signifie se sentir concerné parles souffrances des gens dans des zones de conflit lointaines ? Il y a vingt-cinq ans, l'essai désormais classique de Susan Sontag, Sur la photographie, définissait les termes du débat. Le présent livre s'attache à reconsidérer en profondeur l'interaction qui s'opère entre l' actualité , l'art et la manière dont nous comprenons la description contemporaine de la guerre et du désastre. On prête volontiers aux images le pouvoir d'inspirer la protestation, d'engendrer la violence ou de produire l'apathie : autant de thèses que Susan Sontag réévalue en retraçant la longue histoire de la représentation de la douleur des autres - depuis Désastres de la guerre de Goya jusqu'aux documents photographiques de la Guerre de Sécession, de la Première Guerre mondiale, du lynchage des Noirs dans le sud des Etats-Unis, de la guerre civile espagnole. des camps de concentration nazis jusqu'aux images contemporaines venues de Bosnie, de Sierra Leone, du Rwanda, d'Israël et de Palestine, ou de New York, le 11 septembre 2001. Ce livre nous parle aussi de la manière dont on fait (et comprend) la guerre aujourd'hui, convoquant nombre d'exemples empruntés à l'histoire et quantité de thèses émanant de sources littéraires inattendues. Platon, Léonard de Vinci, Edmund Burke, Wordsworth, Baudelaire et Virginia Woolf participent tous à cette passionnante réflexion sur la vision moderne de la violence et de l'atrocité. L'ouvrage contient aussi une critique virulente du provincialisme de certains experts médiatiques qui dénigrent la réalité de la guerre et substituent à une intelligence politique du conflit un discours désinvolte prônant l'existence d'une nouvelle société du spectacle universelle. De même que Sur la photographie nous invitait à repenser la nature de notre modernité. Devant la douleur des autres modifiera notre appréciation non seulement des usages et de la signification des images, mais aussi de la nature de la guerre, des limites de la compassion et des obligations de la conscience.

sitographie :
Richard Long
Hamish Fulton
André Cadère
Gabriel Orozco
Francis Alÿs
Stalker

Orlan
Michel Journiac
actionnisme viennois : Günter brus, Otto Muehl, Hermann Nitsch, Rudolf Schwarzkogler...
Chris Burden
Marina Abramovic

Alfredo Jaar
Santiago Sierra
Chantal Akerman
Hans Haacke
Krzystof Wodiczko
Thomas Hirschorm

autres pistes :

Jack Kerouac
Stalker

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